France - Chemintrand

S’immisçant entre les conifères et les frênes, les brumes matinales lèchent le col alors que le tracé s’ébroue. Il s’engouffre instantanément sous les sapins, cavale sur un long plateau avant de culbuter vers les vallées profondes.
Généreusement montagneuses, les étapes marivaudent dans le Puy-de-Dôme. Celle du jour détale rapidement de cette contrée volcanique pour s’en aller vagabonder en Haute-Loire et chatouiller le Cantal.
La trajectoire dévale en pleine lumière jusqu’à la rivière, vacille, gigote, voltige sur l’arrête rocheuse. Une tripotée d’épingles se dandine dans les genêts.
Après moult ricochets sur l’Allier, c’est du côté de Brioude que la table est dressée pour le déjeuner, une région bénie des dieux pour la pratique du tout-terrain en France.
En fin de journée, l’équipée s’engage dans une futaie à l’ambiance presque druidique. Le retour s’agite du côté de la Chaise-Dieu. Nichée sur un promontoire de granit culminant à 1080 mètres, cette cité médiévale est cernée de forêts profondes et presque inextricables pour certaines, des sous-bois épais propices à la cueillette des champignons ! Le bourg enchante par la beauté des lieux. L’histoire transpire à travers ses façades ornées de mascarons, bretèches, fortifications et blasons. Mais le clou du spectacle est incontestablement offert par l’imposante abbaye plantée au cœur du décor. Le chemin de ronde de l’abbatiale Saint-Robert relie les deux clochers par un balcon couvert… Au détour des ruelles étriquées, la ville aux maisons moyenâgeuses promet bien d’autres émerveillements…
Nuitée à l'hôtel.

Un chemin frondeur se hisse sur la puissante Margeride, se grise sur les chaumes de cette terre de secrets… Ici, les généreuses étendues vallonnées ont gardé leur côté sauvage.
À la fois Auvergnat et un tantinet Languedocien, ce territoire authentique est ancré sur un haut plateau granitique s’étirant aux limites du Cantal, de la Haute-Loire et de la Lozère.
Très faiblement peuplée, cette contrée rude est aussi associée à l’élevage, sa nature profonde. La rime avec ferme à fromages bourdonne comme un évidence.
En plein massif de la Margeride, le Mont-Mouchet culmine à 1 497 mètres. Côté Lozère, le Truc de Fortunio le dépasse d’une cinquantaine de mètres (1552 m).
Ce lieu reste célèbre pour ses pages d'Histoire, avec notamment son maquis très actif durant la Seconde Guerre Mondiale.
Le chemin filoute encore avec un passé plus ancien en s’égarant dans la contrée même où a sévi la célèbre Bête du Gévaudan à la fin XVIIIe siècle. Une statue en bronze érigée dans le petit village perché d’Auvers témoigne de la férocité de l’animal.
Comme chaque jour, après une matinée tonique, et parmi les surprises à toutes les altitudes, entre deux vallées perdues, une auberge choisie se dévoile.
Les ruisseaux dégoulinent de partout et zèbrent la campagne. Dans ce vaste territoire, les points de vues spectaculaires se relaient sans répit !
Au chapitre des portraits d’hommes et de femmes omniprésents sur le parcours, dans un vieux hameau, notre progression effleure la cour d’une chambre d’hôtes chaleureuse dont la maîtresse des lieux, à l’accent anglais prononcé, n’est autre qu’une des James Bond Girl, l’agent 007. Tombée amoureuse de l’endroit lors d’un tournage dans la région, elle s’y est installée après son dernier cachet ! Les murs de chaque pièce sont couverts d’encadrements de photos « en noir et blanc » de scènes de filmage ! La gentillesse de cette dame revigore le voyageur de passage et au moment de repartir, par sa poignée de main, son sourire, ses yeux emplis d’affection et de bonté, ses douces recommandations, un dernier papotage, la gorge se serre et le cœur bat fort…

Nuitée à l'hôtel.

Un nouveau tronçon bien dévergondé pirouette dans l’escarpement.
L’expédition aligne d’autres lieues, harmonise de nouveaux tableaux différents. Le paysage se tisse en rubans colorés de toute la palette des verts.
L’Ance et l’Arzon frétillent, ricochent sur les galets, s’encanaillent sous des ruines ancestrales. Enchaînant une succession de gués, l’itinéraire canote sur ces rivières aux mille reflets, connues pour la pureté de leurs eaux.
Au flanc du plateau de Vacherolles, s’accroche la coulée de lave de Bouriane. La vue d’en haut permet d’admirer cette véritable cascade de pierre déferlant du cratère.
Le couloir d’éboulis a été craché par le volcan de l'Echaffoit voici 6,5 millions d'années. En se refroidissant, la lave a formé des orgues de basalte de forme hexagonale.
Ici, la perspective décolle de la vallée de l’Ance pour atteindre Pierre-sur-Haute (1 634 m), sommet des Monts du Forez.
Les crêtes décampent à l'horizon. Un ravissement panoramique s’anime à chaque surplomb... Notre tracé gambade dans les fougères, maraude, clopine parfois lorsque l’endroit s’y prête. Au cœur de l’été, les myrtilles tapissent les landes tandis que les framboises squattent la moindre clairière.
Dans un lieu-dit improbable, un verre d’eau et une poignée d’abricots surgissent des vieilles pierres. Attachants, généreux, hospitaliers, les habitants se captivent de notre épopée.
Une nouvelle bouchée d’évasion se déguste. Ce fascinant circuit cahote entre les racines, bondit sur la passerelle, se paume dans les noisetiers et trottine avec allégresse, happant d’initiés connaisseurs dans des épisodes étourdissants.
Un florilège de digitales jalonne le retour à Chemintrand. Cette randonnée ensorcelante et mystérieuse est indéniablement une pépite !
Les images inoubliables amoncelées résisteront au temps...